Pour cette nouvelle formation politique, nous cherchions un nom significatif, qui en soulignerait la force et l’originalité. L’adjectif « nouveau » semblait s’imposer, mais chaque mot qu’on lui accolait (démocrate, républicain, progressiste…) donnait une image ringarde. C’est alors que l’un d’entre nous eut une illumination : « Pourquoi pas “bio” ? Oui, on devrait l’appeler le Parti bio. » 

Le moment de surprise passé, nous débordons d’enthousiasme. C’est le nom qu’il nous fallait. Des millions de Français vont se sentir concernés par ce mot, éminemment positif, qui a l’avantage de suggérer plein de choses sans rien dire de précis. On n’imagine pas à quel point liberté, égalité et fraternité sont biocompatibles !

Nous avons bâti un programme exigeant. Dans chaque domaine (la santé, l’habitat, la sécurité, l’éducation et, bien entendu, l’environnement), nous préconisons des politiques bio, fondées sur le respect de la nature humaine et exemptes de tous les additifs destinés à les rendre plus séduisantes. On devra seulement veiller, en matière militaire, à éviter toute confusion avec les armes biologiques. 

Nos ministres se distingueront par une moralité irréprochable, définie dans un code de bioéthique. Nous leur interdirons le moindre écart, grâce à une prohibition politiquement assistée. 

Faut-il préciser que notre mouvement n’est pas sectaire ? Attaché à la biodiversité, il pratiquera l’ouverture. Et, contrairement à ses adversaires, il ne cherchera pas à se maintenir indéfiniment au pouvoir. Ses dirigeants se recycleront dans la société civile aussitôt leurs réformes réalisées. Ce sera un parti biodégradable. 

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