Il y a vraiment deux poids et deux mesures. Vous n’arrêtez pas de vous apitoyer sur le sort des smicards, sans jamais vous préoccuper du nôtre. Dieu sait pourtant si nous vivons dans l’incertitude, nous, les grands patrons ! 

– L’incertitude ?

– Oui, monsieur. Contrairement à un smicard dont le salaire est stable, j’ignore, moi, si mes revenus progresseront cette année – et de combien. Car toute une partie de ma rémunération est composée d’éléments variables : les primes, les bonus, les stock-options… Je table sur une augmentation de 10 % environ, un peu supérieure à celle de l’an dernier. Mais nul ne me la garantit. 

– Vous appartenez par ailleurs aux conseils d’administration de trois autres groupes industriels, ce qui vous vaut de juteux jetons de présence…

– Et alors ? Je les fais bénéficier de mon expérience. Et il faut bien mettre du beurre dans les épinards.

– Trouvez-vous normal de gagner 240 fois plus que les smicards que vous employez ?

– Vous n’avez pas l’air de connaître les responsabilités d’un grand patron, la complexité de sa tâche !

– Plus complexe que celle du président de la République, qui n’a même pas le vingtième de votre rémunération ?

– Ne mélangez pas l’État et le secteur privé. Comparez des situations comparables. L’an dernier, j’ai gagné 3,5 millions d’euros. Je me situe dans la moyenne des PDG des 120 plus grandes entreprises françaises. Deux de mes camarades de promotion ont dépassé les 5 millions. Qu’ont-ils de plus que moi ? On ne soupçonne pas à quel point un patron se sent humilié d’être moins rétribué que ses pairs ! 

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