Dans les pharmacies, les pilules pullulent. Il y a en a de toutes les couleurs et pour tous les maux : pilules pour la gorge, pour le foie, pour dormir, pour maigrir… Mais une seule se passe de complément : « la pilule » désigne le contraceptif hormonal qui a symbolisé la libération sexuelle de la femme.

Paradoxalement, le mot est associé depuis longtemps à un désagrément dont il faut s’accommoder. « Avaler la pilule », c’est endurer une épreuve ou un affront et se résigner à faire quelque chose qui vous répugne : c’est Manuel Valls, battu à la primaire de la gauche, puis rallié à La République en marche pour sauver, sous les quolibets, son siège de député… On dit d’ailleurs qu’après s’être vu à l’Élysée, il a « pris une pilule ». Celle-ci, à l’inverse de la dragée, est toujours « amère ».

Le mot vient du latin pilula, signifiant petite boule ou boulette. Mais la langue française adore les contradictions : une femme qui oublie de prendre sa pilule « fait une boulette », et même « une grosse boulette ». Allez comprendre…

La pilule est sournoise. Vous reprenez le boulot après trois semaines de vacances, et voilà que votre patron, pour vous annoncer votre mise au placard, se lance dans un discours aussi trompeur que flatteur : il vous « dore la pilule ». Si vous êtes sûr(e) de vous faire embaucher ailleurs, il n’y a pas à hésiter : lui crier que vous n’êtes pas dupe et lui claquer la porte au nez. Dans ces cas-là, il est recommandé de s’offrir un petit supplément : repartir au soleil quelques jours pour se bronzer, « se dorer la pilule ». 

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