Les Français font l’autruche. À la question : « En cas de troubles de mémoire ou autres symptômes de la maladie d’Alzheimer, iriez-vous consulter un spécialiste ? », ils répondent non à près de 45 %. Ce sondage d’avril 2017* reflète le malaise que nous éprouvons face à cette maladie dégénérative. Elle fait peur car elle touche à notre raison. 

Pourtant, les progrès des traitements sont considérables, surtout si le diagnostic est précoce. Ce qui entretient la peur, c’est avant tout l’ignorance. Remédions à cela. En 1907, Alois Alzheimer autopsie le cerveau d’une femme qui souffrait de pertes de mémoire et d’hallucinations ; il constate la présence de lésions atypiques, notamment dans la région de l’hippocampe : c’est la première avancée en matière de diagnostic. Plus récemment, on a identifié les deux protéines mises en cause : la bêta amyloïde et la tau phosphorylée. Elles s’accumulent anormalement sous forme de plaques et provoquent la dégradation des connexions entre les neurones. Aujourd’hui encore, on ignore dans 99 % des cas la cause de cette maladie : l’environnement, les maladies cardio-vasculaires ou la génétique peuvent être impliqués.

En revanche, on sait désormais parfaitement la diagnostiquer et retarder son évolution. Mais la peur du diagnostic fait qu’un patient sur deux ignore qu’il est atteint, et ne l’apprendra qu’à un stade avancé. Pour autant, il faut savoir raison garder : 30 % des personnes présentant des symptômes tels que des pertes de mémoire, des déficits de langage, et des difficultés à planifier et à se repérer dans l’espace n’ont pas Alzheimer, mais souffrent de troubles cognitifs légers – qui peuvent être dus à une dépression, à un burn-out ou simplement à la fatigue – sans les lésions caractéristiques. Et si le verdict est positif, c’en est fini ? On touche à l’angoisse ultime : notre mémoire témoigne de la constitution de notre moi, et un cerveau malade, c’est l’assurance d’être exclu de la société. La maladie d’Alzheimer est profondément incompatible avec notre époque, tellement obsédée par la mémoire qu’elle veut tout numériser.

La principale raison invoquée dans l’étude pour refuser de savoir est l’absence de traitement curatif. Pourtant, depuis 2002, quatre médicaments permettent de traiter efficacement certains symptômes, comme la perte de mémoire. Si la maladie ne se guérit pas encore, il est possible de ralentir l’aggravation des symptômes ; on peut même vivre avec tout à fait convenablement, promis. D’autant qu’Alzheimer est une maladie du cas par cas : inutile donc de reparler une énième fois de cette parente emportée par la démence en six mois. 

Des essais cliniques de prévention, tenant compte de l’expérience singulière de chaque patient, sont en cours. Plutôt prometteurs, ils s’intéressent à la mise au point de traitements thérapeutiques et personnalisés, et s’attachent à démontrer que les exercices physiques et intellectuels bloqueraient l’évolution de la maladie dès sa détection précoce. L’objectif étant de diminuer autant que possible la prise de médicaments. Pour l’avenir, Géraldine Drexel de Buchy, directrice générale de l’association LECMA – Vaincre Alzheimer, et Maï Panchal, docteur ès sciences, se montrent optimistes : « Le fait qu’Alzheimer ait été classé comme maladie permet d’avancer qu’il est potentiellement curable. Et la fin de ces essais de prévention prévue pour 2020 laisse espérer que l’on peut empêcher l’apparition des plaques. » Finalement, comment lutter au quotidien contre Alzheimer ? Lire, faire du sport, réfléchir, tenir des conversations – en un mot : vivre.  

* Ce sondage est issu d’une enquête réalisée par l’association LECMA-Vaincre Alzheimer, entre le 7 et le 14 avril 2017, auprès de 2 913 Français de plus de 18 ans.

 

Quelques chiffres sur la maladie d’Alzheimer en France 

900 000 personnes de plus de 65 ans atteintes

225 000 nouveaux cas recensés par an

Moins de 2 % des cas sont dits précoces (avant 60 ans)

L’âge moyen se situe autour de 65 ans

Une personne atteinte sur deux l’ignore 

Chiffres de 2015
Sources : maladiealzheimer.fr et conférence de LECMA

 

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