L’intelligence mène-t-elle nécessairement au bonheur ? C’est la question qu’en vient à se poser Charlie Gordon, l’émouvant héros du roman Des fleurs pour Algernon. Apprenti dans une boulangerie, ce simple d’esprit de 32 ans apprend en parallèle à écrire à l’université Beekman. Jusqu’au jour où il se voit convoqué par deux professeurs, qui lui proposent de subir une opération du cerveau censée démultiplier ses facultés intellectuelles – opération déjà accomplie avec succès sur Algernon, une souris de laboratoire. Mais les conséquences vont se révéler inattendues : fort de ses progrès foudroyants, Charlie prend peu à peu conscience de lui-même, de sa vie passée, des traumatismes qu’il a dû affronter. Comment continuer dès lors à fréquenter des collègues, des amis, qui ne voyaient en vous qu’un cobaye ou un benêt ? Tourmenté, le jeune homme se replie peu à peu sur ses recherches et ses journaux intimes. Et rien ne s’arrange lorsque Algernon commence à montrer des signes inquiétants de dégénérescence mentale… Premier roman magistral de Daniel Keyes, Des fleurs pour Algernon dénonçait avec force le sort réservé aux handicapés mentaux après-guerre. Aujourd’hui encore, ce classique de la SF brille par sa réflexion sur la différence, le lien à autrui, la tension entre intellect et émotion. « L’intelligence et l’instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent pas cher », assène Charlie à ses « bienfaiteurs ». Façon de rappeler que le cerveau n’est rien s’il n’a pas de cœur.  

Daniel Keyes, Des fleurs pour Algernon, J’ai lu, 2012

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