Qui mérite d’être accueilli au Panthéon ? Une consultation sur Internet, organisée en 2013 par le Centre des monuments nationaux, avait recueilli quelque 30 000 avis. Parmi les personnalités citées figuraient Simone Veil et… Simone Weil. Deux grandes dames, de générations différentes, réunies par une homophonie de hasard. 

Née en 1909 dans une famille juive agnostique, normalienne, agrégée de philosophie, Simone Weil avait choisi de travailler en usine, avant de s’engager dans la guerre d’Espagne aux côtés des républicains. Elle s’était quasiment convertie au catholicisme, tout en restant « sur le seuil de l’Église ». Sa quête mystique s’accompagnait d’un vif et troublant rejet du judaïsme. Ayant gagné Londres pour combattre le nazisme, elle n’obtint pas le droit de se faire parachuter en France pour rejoindre la Résistance. Atteinte de tuberculose, cette femme intransigeante se priva de nourriture par solidarité avec ses compatriotes démunis. Elle expira en août 1943 dans un hôpital anglais. 

C’est l’année suivante que Simone Jacob, âgée de 16 ans, est arrêtée et connaît l’enfer de la déportation. Elle changera de nom en 1946 en épousant Antoine Veil. A-t-elle été gênée par l’ombre de l’autre Simone, que l’on considère comme l’un des grands philosophes du XXe siècle ? 

À partir du moment où la rescapée d’Auschwitz-Birkenau est devenue ministre de la Santé et a mené le combat de l’IVG, la notoriété s’est inversée. On a un peu oublié l’auteur de L’Enracinement. C’est probablement Simone Veil qui entrera au Panthéon, même si des scripteurs distraits continueront à orthographier son nom avec un W. 

 

Illustration : Portrait en 1979 © Keystone Pictures/Zuma/Réa

 

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