Je positive, tu positives… Fabriqué par les publicitaires, le verbe « positiver » a fini par entrer dans le dictionnaire. C’est une injonction, quasiment un ordre : il faut absolument se montrer confiant et optimiste.

Toute une littérature de développement personnel milite dans ce sens. On doit cesser de voir le blanc en noir et « privilégier les solutions aux problèmes ». Une attitude optimiste est bonne pour la santé. Des coachs offrent leurs services pour combattre la sinistrose et « libérer les énergies positives ». Il existe même une Ligue des optimistes de France qui lutte contre « la morosité, la résignation, le cynisme et toutes les formes de renoncement ». 

On notera que le verbe « négativer » ne fait pas partie de notre vocabulaire. Pas encore… Julie Norem, professeur de psychologie au Wellesley College (Massachusetts), souligne pourtant « le pouvoir positif des pensées négatives ». Elle n’est pas la seule à mettre en garde contre « les marchands d’espoir » et à vanter les vertus du pessimisme. Selon ce courant, s’attendre toujours au pire permettrait non seulement de ne jamais être déçu, mais d’aborder chaque situation avec les précautions nécessaires. Autrement dit, prenons la vie du bon côté : soyons joyeusement pessimistes…

Mais que valent ces catégories ? Pour le psychiatre Boris Cyrulnik, « le pessimisme ou l’optimisme n’ont rien à voir avec la réalité, ils sont fonction de la représentation que l’on se fait du réel ». De manière plus positive, un penseur anonyme a réconcilié tout le monde en disant : « Optimistes et pessimistes sont également nécessaires à la société. L’optimiste invente l’avion, le pessimiste invente le parachute. » 

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