Les mots portent parfois en eux de troublants télescopages. Celui de « Parlement » mérite un détour. Plutôt une dissection. Au Parlement, comme son nom l’indique, on y parle. Comme son nom l’indique aussi, on y ment. La législature qui s’achève restera marquée par l’épisode du 5 décembre 2012 qui fit de l’Assemblée nationale un haut lieu du mensonge. L’hémicycle vibre encore des paroles que prononça alors Jérôme Cahuzac, ministre délégué chargé du Budget au commencement du règne du président Hollande. Ce fut un mensonge proféré d’une voix de stentor, les mains serrées sur le micro qui devait porter sa bonne parole urbi et orbi. Un mensonge pour faire foi, avec force de loi. « Je n’ai pas, je n’ai jamais eu de compte à l’étranger. Ni maintenant, ni avant. » Cette affirmation lancée devant la représentation nationale apparaît désormais comme la prémisse d’un acte refondateur de nos institutions. L’exigence de transparence du personnel politique, sur son patrimoine et sur ses dépenses. Avant que le Penelope Gate ne mette en lumière d’étranges usages, pas nécessairement illégaux mais à coup sûr illégitimes : les petits arrangements familiaux transformant une épouse et des rejetons étudiants en assistants parlementaires. L’Assemblée de l’ère Macron restera-t-elle cette Chambre sans fenêtres qui se vit comme un État dans l’État jaloux de ses passe-droits ? Ou l’effet de souffle produit par La République en marche ! fera-t-il sortir de l’hémicycle, ce puits sans lumière, des étincelles de vérité ? 

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