Dans l’histoire de la Ve République, selon les sondages, le grand rendez-vous élyséen n’a jamais suscité une telle réserve des citoyens. Sauf en 1969, quand le candidat communiste Jacques Duclos, arrivé en troisième position avec 21,27 % des suffrages, lança sa célèbre formule à propos des deux finalistes, Pompidou et Poher, « c’est bonnet blanc et blanc bonnet » : on comptabilisa 6,42 % de bulletins blancs et un taux d’abstention élevé de 31,15 %. Par la suite, la présidentielle n’a plus connu un tel désintérêt. Même au premier tour du scrutin-tempête de 2002, l’abstention ne fut que de 28,4 %. Quant au vote blanc, depuis 1965, il a oscillé au premier tour dans une fourchette allant de 0,92 % en 1974 à 3,38 % en 2002. D’une manière générale, le vote blanc augmente au second tour : en soixante-deux ans d’histoire électorale présidentielle, il a varié de 1,34 % (1974) à 6,42 % (1969). Autant dire qu’il progresse lorsque l’offre politique se simplifie.

En vérité, aucune définition précise n’est faite du vote blanc. C’est un objet flou confondu avec l’abstention. Certes, depuis une loi du 21 février 2014, ces bulletins « sont décomptés séparément et annexés au procès-verbal » de chaque bureau de vote, mais ils ne sont pas pris en compte dans le calcul des suffrages exprimés. Ils ne le furent que dans quelques scrutins sous la Restauration. Bref, ils sont privés de toute signification politique. Certains vont même jusqu’à les considérer comme le rebut électoral, une marge d’erreur ! Mais l’histoire depuis 1958 montre qu’il n’en est rien. Le vote blanc est un acte délibéré qui, toutes consultations confondues, ne cesse de croître. Son impact est donc de plus en plus important au fil des différentes élections et pèse sur la légitimité même des élus. Le prendre en compte conduirait à donner une image plus précise de leur représentativité. Ainsi, en 2012, François Hollande l’a officiellement emporté avec 51,64 % des suffrages exprimés face à Nicolas Sarkozy. L’intégration du vote blanc aurait ramené son score à 48,62 %, soit une majorité relative parmi les Français qui se sont rendus aux urnes !

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