Francky Denis, 32 ans, boxeur et éducateur sportif à Aubervilliers.

Je sens de moins en moins la frontière entre Paris et Aubervilliers. Notre association, le Boxing Beats, est collée à la ceinture parisienne, à un kilomètre du périphérique. Avec les travaux du Grand Paris, le public commence à changer. Une vraie mixité existe dans nos cours de boxe. Les adhérents viennent aussi bien des coins sensibles que des beaux quartiers. Plus de 40 % d’entre eux sont Parisiens. Il y a ceux qui traversent le périph’ pour venir boxer, et ceux qui quittent Paris parce que les loyers sont trop chers. Les habitants de banlieue voudraient avoir la vie des Parisiens, mais les Parisiens viennent jusqu’à nous parce qu’on a tout. Vivre en banlieue est une richesse, pas seulement humaine : on a des infrastructures. On a beaucoup de trentenaires, des chômeurs, des éboueurs, des cadres, des ingénieurs, pas mal d’étudiants avec des parcours impressionnants, des banquiers qui ont besoin de se défouler, des commerciaux… Ça va de la jeune femme voilée de 19 ans, originaire des quartiers difficiles d’Aubervilliers, au Breton de 68 ans qui vient de s’installer à Paris. Il y a une vraie mixité sociale et on prend beaucoup de plaisir à partager avec des gens qui sont animés par la même envie. J’aimerais que ça reste comme ça. On parle souvent de la banlieue pour sa violence. Elle existe, mais il n’y a pas que ça. Elle est peu de chose en comparaison de ce que j’ai pu apprendre et partager ici. Quand j’ai dû quitter momentanément mon quartier, après le divorce de mes parents, la banlieue m’a manqué.  

 

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