Un jeune homme est interpellé. À l’issue de ce contrôle d’identité, il est hospitalisé d’urgence pour de très graves blessures à l’anus. Des fuites indiquent que l’IGPN, la police des polices, a provisoirement conclu à l’accident. Le ministère de l’Intérieur communique très discrètement par communiqués. La justice suit son cours… Circulez, il n’y a rien à voir. Et l’on s’étonne que des jeunes en colère manifestent, cassent et détruisent. Cherchez l’erreur. 

J’en trouve trois. D’abord le mépris. Deux siècles après les premières réglementations interdisant aux forces de l’ordre de tutoyer les citoyens, certains policiers n’ont toujours pas intégré la consigne. Pour ceux-là, une minorité, le tutoiement de rigueur est déjà un préjugement, la présomption de culpabilité étendue à tous les jeunes de banlieue et aux immigrés.

Ensuite le silence. Le président de la République s’est bien rendu au chevet du jeune Théo, mais même son image n’imprime plus. Quant au ministre de l’Intérieur, sa parole molle n’a pas de prise. Et pour cause : les « affaires » se succèdent sans que la puissance publique cherche à y remédier. Elle ne veut pas savoir : tel est le triste constat.

Enfin, la peur. La démocratie française – cet espace politique si appréciable et fragile – reste le lieu où l’on apprend aux policiers à viser au cœur quand il suffirait de tirer dans les jambes. Où l’on enseigne des techniques de plaquage au sol dangereuses et interdites dans bien des pays voisins. 

Tout cela conduit à un gâchis monstrueux. 

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