Le scrutin présidentiel à venir est, à bien des égards, très différent de tous ceux qui l’ont précédé. Jamais, à deux mois du vote, l’incertitude n’a été aussi grande quant au casting du second tour. Et pour cause ! Le paysage politique traditionnel du pays est en voie de disparition. 

La Ve République a vécu sur un clivage droite-gauche simple, même si, à l’intérieur de chacune de ces deux grandes familles, les sensibilités étaient multiples, les confrontations brutales. Ce bipartisme a volé en éclats. Il a laissé place d’abord à un tripartisme, avec l’émergence de l’extrême droite à côté de la droite post-gaulliste. Et la diffraction se poursuit sous nos yeux avec une gauche divisée en deux clans irréconciliables. La compétition historique féroce entre PC et PS s’est transformée en une lutte à mort entre les socialistes et Jean-Luc Mélenchon. Ce n’est pas tout ! Emmanuel Macron incarne, lui, le vieux rêve du gouvernement central, un projet progressiste qui rappelle l’ambition de Valéry Giscard d’Estaing de rassembler deux Français sur trois. Ainsi sommes-nous passés de deux grands blocs à cinq ensembles plus ou moins égaux qui tous, non sans raisons, espèrent franchir le cap du premier tour. Espoir d’autant plus justifié que l’électeur, face à cette multiplication de l’offre, devient un consommateur surinformé. Il butine, hésite, saisi d’une volatilité nouvelle. 

Ce « quinquapartisme » est dopé, en outre, par le discours des candidats. Tous conscients des évolutions en cours, ils ont en commun la dénonciation d’un monstre baptisé « le système », oubliant au passage qu’ils en sont, les uns et les autres, le produit. Cette nouvelle équation selon laquelle « système = échec » accélère le déracinement électoral en cours. L’électeur est sommé de ne plus se référer au passé pour analyser son présent et imaginer le futur. Résultat, la campagne s’installe sur un terrain totalement instable qui en rend l’issue imprévisible. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !