Parler du revenu universel, c’est évoquer une vieille histoire. Saint Paul, oui, Paul de Tarse, apôtre de Jésus, a bien fini sa vie (avant d’être décapité) dans un immeuble délabré de Rome où il touchait chaque mois quelque chose comme le RSA. Cela s’appelait le service de l’annone et permettait à tous les citoyens romains de recevoir le blé et le vin nécessaires à leur subsistance. On voit que le souci de lutter contre la grande pauvreté remonte à loin, même si l’échec fut permanent. Est-ce une raison pour pester contre le débat qui a cours, pour le déclarer vain, oiseux, voire utopique ? Non, puisque l’utopie a autant de pouvoir sur l’homme que la raison. 

En réalité, ce qui trouble dans cette controverse, c’est le recours automatique à la distribution d’argent. Pourquoi arroser très modestement « nos » pauvres en dépensant beaucoup alors que nous savons qu’il faut prioritairement traiter trois dossiers : le logement, l’aide aux foyers dits monoparentaux et les jeunes issus de l’immigration. Cela fait soixante ans que l’État s’avère impuissant à favoriser la construction des 500 000 logements annuels indispensables. Cela fait trente ans que les femmes chefs de familles monoparentales mériteraient une attention qu’elles n’obtiennent pas. Peut-être devraient-elles se syndiquer… Enfin, les jeunes immigrés auraient dû, depuis le soulèvement des banlieues pauvres en 2005, mobiliser bien davantage la société. 

Faire reculer la grande pauvreté est un combat juste. La discussion porte sur les outils : de l’argent ou un toit, une éducation, un travail ? 

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