Méfions-nous du confort des idées reçues, des préjugés, méfions-nous des dénis de vérité, de tout ce qui, du Brexit à l’élection de Donald Trump, résonne furieusement comme une faillite du journalisme, ce métier dont la raison d’être est d’aller voir pour comprendre, plutôt que d’ajuster la soi-disant réalité à des visions parfois paresseuses et conformistes forgées à coups d’entre-soi et de sondages. Entrons donc de plain-pied dans cette ère du trumpisme qui déjà ne ressemble à aucune autre par le style du président – le plus âgé (70 ans) que l’Amérique ait jamais élu au cours de son histoire. Malgré son machisme, sa xénophobie, sa misogynie crasses, ses provocations et ses insultes, ses manières vulgaires, ses recettes pour faire de l’argent qui ne le sont pas moins, Donald Trump est bel et bien président des États-Unis. Il l’a promis sur un ton messianique : il fera le job, ou plutôt, il créera, promet-il, plus de jobs que Dieu lui-même aurait pu le faire. Ceux qui rêvent d’une procédure d’impeachment pour conflit d’intérêts doivent atterrir : « le Donald » est là pour redonner de la grandeur et de la fierté au peuple américain. Avec une tonalité qui rappelle un certain Ronald Reagan, acteur hollywoodien de série B accueilli sous les quolibets en 1980 quand il proclamait « America is back », mais qui fut réélu quatre ans plus tard sous les vivats. Trump, un barbare ? N’oublions pas la leçon de Lévi-Strauss : on appelle aussi barbare celui qu’on ne comprend pas. 

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