Les déçus du hollandisme et du PS sont atteints d’un mal plus profond que la simple déception. Ce qui frappe chez eux, c’est le désarroi, le dépit, la frustration. Certains fuient désormais toute actualité politique. À quoi bon ? La primaire de la Belle Alliance populaire (il est interdit de rire) les indiffère ; ils ne veulent pas, disent-ils, participer à la « course des petits chevaux ». 

Il faudrait le talent d’un bon psy pour expliquer l’abattement de ces grands dépressifs. Formulons tout de même une hypothèse. Chacun de nous est doté de deux cerveaux, un peu comme les rois héritent de deux corps, l’un public, l’autre privé, pour reprendre la distinction formulée par l’historien Ernst Kantorowicz. Le premier cerveau est vibrant, généreux. C’est lui qui s’indigne, rêve d’égalité et décrète l’abolition des frontières. Le second cerveau est politique, pragmatique. Il soupèse, analyse, cherche les compromis. Visiblement, ces deux cerveaux ne communiquent pas entre eux. Ne cherchez plus ! Voilà pourquoi il y a « deux gauches irréconciliables », selon le mot de Manuel Valls. 

Pourquoi ? Par flemme, bien sûr ! Le fameux principe de plaisir… Surmonter ses contradictions est fatigant. Le PS a longtemps emprunté une bretelle de délestage quand les socialistes européens optaient pour la social-démocratie. Puis la gauche s’est mise au point mort. Le premier cerveau a été pris dans les glaces, congelé à l’époque des Trente Glorieuses, les années de la croissance continue. Le second a calé devant la mondialisation : Uber, Apple et compagnie. Et c’est ainsi que la rose est à terre. 

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