Le concept de démondialisation n’est pas un pur produit de la crise de 2008. S’il a été introduit dans le débat politique par Gordon Brown en 2009, il existait depuis le début des années 2000. La paternité du terme « démondialisation », deglobalization en anglais, est attribuée à l’économiste philippin Walden Bello. Ce fervent défenseur des droits de l’homme dans son pays, très engagé à gauche et qui a connu la prison, a été récompensé pour ses recherches par le Right Livelihood Award en 2003. Il définit le concept dans son ouvrage Deglobalization, Ideas for a New World Economy (Zed Books, 2002). Il présente la démondialisation comme un modèle alternatif à celui, néolibéral, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il s’agirait, par exemple, de produire pour le marché local plutôt que pour l’export, d’utiliser les quotas et les douanes pour empêcher les grandes entreprises d’imposer des prix artificiellement bas, de ne pas vénérer l’objectif de croissance ou encore de rendre les décisions prises dans le domaine économique plus démocratiques. 

Pour résumer, il conviendrait de réglementer, de réguler et de discipliner le capitalisme. Bello avait à l’origine conçu ce modèle pour les pays en développement, en mettant en garde contre les dangers d’une trop grande interdépendance entre les économies. Ses thèses ont cependant été adaptées aux pays développés. Elles ont notamment trouvé un grand écho après la crise financière de 2008, alors que le concept de « démondialisation » est devenu un enjeu politique transpartisan. 

 

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