Nous avons suivi la chute des quartiers est et sud d’Alep en direct. D’heure en heure, de minute en minute, des civils assiégés ont raconté leur cauchemar grâce à Twitter et WhatsApp. On pouvait entendre leurs voix, le grain de leurs voix, leurs ultimes appels au secours. Et pendant ce temps-là, les Nations unies se déchiraient. Washington et Moscou rejouaient une triste guerre froide. « Vous n’avez pas honte, vous ne ressentez donc aucune honte ? », demandait l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU à son homologue russe. Lequel répliquait : « Mais vous n’avez donc aucun souvenir de l’histoire de votre pays ? Vous vous prenez pour mère Teresa ? »

Pendant ce temps-là, les puissances régionales attisaient le feu. La Turquie aux côtés des rebelles ; l’Arabie saoudite en leur offrant ses dollars ; l’Iran en prêtant main-forte à Damas.

Pendant ce temps-là, François Hollande lançait un « ultimatum humanitaire ». À qui ? En 2013, Paris avait voulu « punir » Bachar Al-Assad. Dixit le ministre des Affaires étrangères. En 2015, la France optait pour un réalisme opportuniste : « Notre ennemi, c’est Daech. Bachar Al-Assad, c’est l’ennemi de son peuple. » Dixit Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense.

Et sur place, à Alep, c’était la guerre civile. La guerre de Bachar contre les rebelles modérés et les autres, contre toute trace de résistance. La plus terrible des guerres, qui laisse finalement face à face un dictateur sanguinaire et des milices djihadistes fanatiques. La salle de tortures contre la charia. Faut-il vraiment choisir ? Nous préférons nous incliner devant le martyre d’Alep. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !