Les pays, dit-on souvent, ont la presse qu’ils méritent. À ce compte-là, nous ne valons pas si cher. Mais, comme toujours, les choses sont plus compliquées et les idées reçues bien encombrantes.

Première idée reçue : les médias bénéficient d’aides de l’État disproportionnées. Bref, ils sont tenus en laisse et ne méritent pas notre considération. En réalité, ces fameuses subventions viennent la plupart du temps compenser les surcoûts imposés à la presse quotidienne par les lois votées entre 1944 et 1947. Surcoût de l’impression lié au monopole d’embauche confié à la CGT. Surcoût de la diffusion. Aucun gouvernement n’a jamais eu le courage d’abroger ces lois qui ont fini par garrotter la presse quotidienne nationale !

Deuxième idée reçue : la censure est l’ennemie principale. Malheureusement non. L’autocensure est aussi pernicieuse. C’est elle qui vous rend aimable avec les annonceurs pour ne pas effrayer la publicité. C’est elle qui émousse les plumes et les voix pour ne pas déplaire aux puissants. C’est encore elle qui vous fait céder à vos préjugés.

Troisième idée reçue : des entrepreneurs de la téléphonie mobile ou de l’armement sont tout à fait capables d’accorder l’autonomie aux rédactions qu’ils financent. Il suffit que ces dernières élisent leur directeur et le tour est joué. Hélas ! il n’en est rien. Comme partout, c’est celui qui tient le budget qui permet ou interdit tel projet, telle embauche. C’est l’argent, donc l’actionnaire qui conduit la stratégie. L’indépendance ne se décrète pas.

Oui, décidément, nous ne méritons pas ce système médiatique. 

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