©Emy Nassy

Il arrive que les chiffres semblent avoir le dernier mot. Quand on pousse cette porte de l’Europe qu’est la Turquie, on dénombre quelque 130 journalistes derrière les barreaux. Avant même la tentative de putsch du 15 juillet dernier, entre janvier et avril, près de 900 de nos confrères avaient été renvoyés de leurs organes de presse pour des motifs politiques. 154 médias ont été fermés par décret, près de 105 000 sites web sont désormais bloqués. Une purge massive et sans précédent. Au-delà de la simple et glaçante statistique, le régime d’Erdogan réserve un sort bien particulier à celles et ceux qui veulent exercer leur métier en dénonçant des pratiques liberticides et des liaisons dangereuses avec le voisin syrien Bachar Al-Assad. On ne compte plus les coups et les mauvais traitements que subissent tous ces fantassins de l’information, les jugements sans justice, les retraits de passeport afin de désamorcer toute tentative de départ pour l’étranger. De crainte qu’ils parlent, qu’ils écrivent, qu’ils témoignent. En publiant le récit édifiant du journaliste Can Dündar, le 1 a voulu donner la parole à celui qui, cent jours durant, en fut privé. Simplement parce qu’il disait la vérité dans un pays en butte à la désinformation, à la censure par la terreur, la violence et l’intimidation. Quand un président décide de devenir le seul vrai patron des médias, il est urgent d’agir. Et d’écrire. 

 

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