L'accord sur les migrants conclu entre l’Union européenne et la Turquie a été qualifié par Bruno Le Maire de « capitulation pour la France ». Selon le candidat à la primaire de la droite, François Hollande n’aurait fait qu’« ajouter sa signature à un texte négocié entre Mme Merkel et M. Erdogan ».

Énarque, normalien et agrégé, féru d’histoire, M. Le Maire sait certainement qu’entre la France et la Turquie tout a commencé par les Capitulations. N’est-ce pas ainsi qu’avait été désigné le traité signé en 1535 par François Ier et Soliman le Magnifique ? Il ne s’agissait pourtant pas de défaites : chaque partie trouvait des avantages économiques et politiques dans cette convention divisée en chapitres (du latin capitula, d’où son nom). L’affaire scandalisa les autres États chrétiens d’Occident, mais ils n’allaient pas tarder à suivre l’exemple de la France et à obtenir des privilèges similaires pour leurs ressortissants établis dans l’Empire ottoman. 

À propos des migrants, notre François, monarque en sursis, pouvait-il se pousser du coude, bousculer la chancelière Merkel et taper du poing sur la table ? Pas sûr qu’il aurait impressionné Erdogan le Magnifique. Il a bien fait, en tout cas, de ne pas lier son éventuelle candidature en 2017 à une inversion de la courbe des arrivages : toute la Méditerranée aurait semblé se liguer contre lui. Dans le genre tête de Turc, il a assez donné. Critiqué matin, midi et soir, accusé de tous les péchés du monde, il n’avait pas besoin d’être traité de capitulard, au terme d’un quinquennat en capilotade. 

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