Lors d’une précédente livraison du 1 posant cette question : « Qui choisit l’info ? » (no 97, 9 mars 2016), le spécialiste des médias Éric Scherer donnait cette définition simple de l’algorithme qui régit Facebook ou Google : « C’est une recette de cuisine. Une séquence d’instructions faite de formules concoctées par des informaticiens. L’algorithme filtre et choisit l’information que vous lirez. Et non plus le rédacteur en chef, le directeur de la publication ou le marchand de journaux. » Suivait une explication montrant que ces « boîtes noires » agissent comme des bulles filtrantes décidant sans contrôle humain ce que nous devons savoir, en fonction de nos likes et de toutes les traces que nous laissons dans le système.

Cette réalité, à savoir la perception par les utilisateurs d’une réalité tronquée, soulève de graves problèmes. Croyant partager le monde grâce à des connections toujours plus vastes et puissantes, nous sommes au contraire atrophiés, relégués dans un monde clos qui ne nous offre plus que ce que nous aimons. Facebook ne veut surtout pas nous contrarier. Il nous calcule, au sens probabiliste du terme, pour satisfaire nos désirs, allant même jusqu’à les anticiper. Transposé à la « vraie vie », cet empressement suspect a des effets glaçants : imaginez un kiosque ne vendant que le journal que vous aimez, une boutique offrant seulement la nourriture ou les parfums que le système a choisis pour vous, une démocratie sans confrontation. Adieu diversité, libre arbitre, liberté. Exigeons une nouvelle transparence : celle des algorithmes ! 

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