Un pas considérable a été franchi : avant, dans ma messagerie électronique, je n’avais que des contacts ; maintenant, sur Facebook, j’ai des amis, avec lesquels je peux partager des textes, des émotions, des images. Qu’y a-t-il de plus beau que l’amitié et le partage ?

À chaque instant, je peux m’adresser à mes 923 amis et prendre connaissance de ce qu’ils ont publié. Tout ne m’intéresse pas dans ce qu’ils postent, loin de là : je vois même défiler sur mon écran des choses vraiment débiles. Mais l’amitié n’exige-t-elle pas bienveillance et indulgence, comme disait Aristote ? 

Le soir, c’est pour les amis : je consacre deux heures au moins à Facebook après dîner. Et le week-end, il n’y a pas de limites.

Je vais bientôt franchir la barre des 950, car j’ai fait une vingtaine de demandes et reçois deux ou trois offres par semaine. C’est formidable : d’un simple clic, je peux gagner l’amitié d’une personne que je n’ai jamais vue. Mais mon réseau compte, bien sûr, des proches : le mois dernier, en un dixième de seconde, je suis devenu le 54e ami de mon épouse, à qui j’ai posté hier un bon anniversaire. Facebook a donné un nouvel élan à notre couple. 

Grâce à l’extension que j’ai installée sur mon navigateur, je viens d’apprendre qu’un ami m’a discrètement retiré de sa liste. Je retombe à 922. Ce n’est pas catastrophique, mais j’avoue que ça me fait un choc. C’est terrible d’être rejeté par quelqu’un qu’on ne connaît pas ! Comment vais-je exprimer sur ma page le sentiment d’abandon qui m’habite et toucher les amis de mes amis ? Combien de « j’aime » et combien de « partages » cela me vaudra-t-il ? 

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