« Ici c’est la France, c’est pas le Gabon. » Cette petite phrase de Nicolas Sarkozy, prononcée la semaine dernière lors de son meeting à Marcq-en-Barœul (Nord), a fait résonner une étrange petite musique dans le climat identitaire qui monte dans l’Hexagone. Elle venait s’ajouter à une autre petite phrase du candidat à la primaire de droite, lancée la veille à Franconville, puis reprise lors d’un dîner organisé par le magazine Valeurs actuelles. « Dès que l’on devient français, nos ancêtres sont gaulois », a alors déclaré Nicolas Sarkozy, effectuant une saisissante embardée historique pour servir son dessein. Quel dessein ? Se rapprocher au plus près de ce que l’ancien président pense être l’inclination de son électorat. Une frange plus à droite que la droite classique dite républicaine. Une frange qui se situerait quelque part, dans cette géographie mouvante, entre les cathos tradis et les partisans d’une droite dure déçus par les ex-dirigeants de l’UMP et partis nager dans les eaux du marinisme. En se réclamant des Gaulois, loin de nous projeter vers l’avenir du pays, l’ancien président nous a propulsés dans un passé rance et trafiqué, tout droit sorti des manuels de la IIIe République, comme le Lavisse qui exaltait en ces termes l’amour de la Patrie : « Tu dois aimer la France, parce que la Nature l’a faite belle, et parce que l’Histoire l’a faite grande. » Cette référence douteuse au roman national est un signe qui ne trompe pas : Sarkozy a rompu avec son ancien conseiller, mais il a avalé l’hameçon Buisson et la ligne tout entière, qui agit en lui comme un poison. 

 

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