Les femmes sont devenues « des adultes comme les autres », pour reprendre l’expression de Pierre-Henri Tavoillot. Évolution typiquement occidentale, née des deux côtés de l’Atlantique au XXe siècle. Droit aux études, droit de vote, droit au divorce, au carnet de chèques, à l’emploi. Droit aussi, sans consentement du mari, à disposer librement de leur corps. Ce n’est pas si vieux. Ma maman n’a pu voter pour la première fois – à 24 ans ! – que le 29 avril 1945 grâce à une ordonnance du général de Gaulle ; certaines de mes amies n’ont pu avorter légalement que grâce à la loi de Simone Veil de 1974. Vieux combat pourtant que le droit des femmes à l’autonomie et la citoyenneté. Chacun pense à Olympe de Gouges, aux féministes américaines, à Simone de Beauvoir… Bataille d’évidence inachevée dont l’objectif doit être la diversité choisie. Bataille sociétale aussi, car une place et des situations égales pour les femmes et pour les hommes ne posent pas un principe de similitude – et ne doivent pas imposer aux femmes de se socialiser suivant un modèle masculin dans des secteurs qui, hier, leur étaient interdits. Et la société doit se réorganiser autour de cette bi-présence publique des femmes et des hommes – l’école notamment, mais aussi la sécurité ! 

On ne peut s’empêcher de penser que cette situation lentement nouvelle est liée aussi aux bouleversements de nos techniques, et s’accélère en société numérique et collaborative. Le muscle n’a plus la même place que jadis. Le cerveau et l’éducation ont gagné une place centrale. Le combat des féministes y a trouvé plus d’espace. Les sociétés où les femmes sont entrées dans le monde de la création, de la responsabilité et de la production, accroissent leurs développements face aux sociétés demeurées, ou réfugiées, dans des postures traditionnelles. Car 100 % des cerveaux y concourent alors à plein régime. Dans nos « quartiers », nombre de jeunes filles jouent l’école émancipatrice ; elles créeront demain plus de richesse que leurs camarades masculins en décrochage scolaire. Le féminisme est ainsi devenu une force productive puissante. Mais ne nous leurrons pas : là où la modernité triomphe, l’archaïsme n’est pas loin, et là où l’archaïsme revient en force, la modernité est sous-jacente – c’est ainsi que l’on voit des féministes terroristes. 

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