Il a suffi d’un vertige survenu lors des commémorations du 11-Septembre à New York pour que l’idée d’une femme présidente des États-Unis vacille dangereusement. Que n’a-t-on entendu, et pas seulement dans le camp de Donald Trump émoustillé par cette défaillance, sur la fragilité d’Hillary Clinton. Sur son incapacité probable à exercer le pouvoir. Sur le danger qu’il y aurait à installer à la Maison-Blanche une femme à la santé chancelante. C’est bien connu, les hommes malades sont des combattants que le pouvoir électrise et revigore, souvenons-nous de Mitterrand. Mais les femmes manifestant la moindre faiblesse seraient de pauvres petites choses qu’il faudrait éloigner de la cuisine politique, où il fait décidément trop chaud pour leur nature délicate. C’était pathétique, au soir de cet épisode, d’entendre ces commentaires sexistes sur la capacité d’une faible femme à diriger l’Amérique. On croyait pourtant avoir progressé depuis ces années 1980 où la « Dame de fer » Margaret Thatcher était respectée pour la seule raison qu’elle gouvernait, disait-on, avec une poigne d’homme. En France, Édith Cresson connut les affres d’être une femme de caractère – de mauvais caractère, persiflaient les vilains machos – quand lui échut le fauteuil de Matignon. Une petite année suffit pour la discréditer. Et ne parlons pas de Dilma Rousseff qui, au Brésil, a été destituée de sa fonction en payant largement pour d’autres, à commencer par son charismatique prédécesseur Lula. Bouc émissaire, un rôle de choix pour les femmes au pouvoir. 

 

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