Le mot sonne étrangement, avec son parfum de sucre glace, quand il s’agit de commémorer le coup de feu qui a suffi, en 1914, à faire plonger l’Europe dans la nuit. Il y aura du monde à Sarajevo en cette fin juin pour évoquer la « grande » guerre. Parlons d’un autre anniversaire : les vingt ans du centre Malraux de Sarajevo, créé en 1994 par un fou de France, d’Europe et de liberté, Francis Bueb, pendant le siège de la capitale bosniaque. Son courage ne consista pas seulement à fonder ce lieu de résistance dans une époque de renoncement, mais à rester. Le centre Malraux a depuis attiré ici d’innombrables écrivains, artistes, traducteurs et philosophes, et fait vivre un précieux réseau d’amitiés internationales. Il aura fait connaître et aimer Sarajevo, tissé des liens entre les cultures avec ténacité, avec flamme : un exemple. L’Europe éprouve le besoin anxieux de lire son avenir dans les cendres du passé. Souhaitons qu’une fois retombée l’effervescence du centenaire, elle n’abandonne pas la Bosnie dans l’oubli où elle l’a laissée depuis 1992. 

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