Une révolution est en cours dans l’enseignement des langues. Avant, les élèves des séries générales (L, ES, S) préparaient et passaient une épreuve écrite lors du baccalauréat. Les directives ministérielles avaient beau insister sur l’importance de l’oral, les élèves continuaient à préparer un examen écrit. Et l’idéal de l’immersion dans la langue étudiée préconisée lors de certaines inspections restait un doux rêve. Le bac primait. Finalement, au lycée, on apprenait moins à parler qu’à écrire, ce qui pourrait expliquer le célèbre french accent qui, du commandant Cousteau à Jacques Chirac, a fait notre réputation à l’étranger.

Or, depuis 2013, les épreuves du baccalauréat comportent une partie orale. Le programme est commun à toutes les langues vivantes, avec quatre « notions » à étudier : « lieux et formes du pouvoir », « espaces et échanges », « l’idée de progrès » et « mythes et héros ». Les élèves doivent en rendre compte lors d’un oral de dix ou vingt minutes selon les séries. En avril 2016, un élève de terminale résumait en un tweet l’ambiguïté de cet enseignement : « Impatient d’arriver en Espagne et de dire : hoy voy a hablar de la noción de lugares y formas de poder » (« aujourd’hui, je vais parler de la notion de lieux et formes du pouvoir »). L’élève de terminale peut en effet produire « un discours argumenté, informé et exprime[r] un point de vue pertinent » (extrait de la fiche d’évaluation pour le baccalauréat en langue vivante 1) sur les armes à feu aux États-Unis, mais avoir quelques difficultés à s’acheter une brosse à dents en Allemagne. Les professeurs, dans leur majorité, rejettent une approche utilitariste de l’enseignement des langues. Le vocabulaire utilisé au quotidien dans des situations de communication à l’étranger est relativement simple à apprendre et le contenu culturel de l’enseignement doit continuer d’être aussi riche que possible. 

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