Les modes qui secouent l’Amérique sont souvent tenues pour les signes avant-coureurs des maux qui nous menacent. On redoute une américanisation de la vie politique, une peopolisation à outrance, une société du spectacle débridée qui fait surgir sur la scène publique de riches histrions décomplexés capables de tenir les propos les plus choquants sur la base d’une idée simple : plus c’est gros comme un éléphant, plus ça passe. Cette recette Trump, mélange de haine également distribuée entre les femmes, les immigrés, les journalistes et tous les « profiteurs » du système, est aussi encouragée par le système électoral en place. De fait, les primaires américaines sont singulières. Parce qu’elles sont liées au caractère fédéral des États-Unis, elles obéissent à une logique propre qui les différencie des primaires françaises. Mais la pratique américaine révèle tout de même une tendance inquiétante pour nous. Les primaires d’outre-Atlantique tendent à radicaliser les débats et les positions des candidats : c’est à celui ou celle qui se montrera le plus provocateur, le plus intransigeant sur les questions de société les plus sensibles. Combien de candidats à la primaire républicaine ont dû ravaler leurs ambitions – à commencer par Jeb Bush –, débordés sur leur droite par les coups de l’éléphant blond lâché dans le bain démocratique comme dans un magasin de porcelaine. La leçon vaut d’être méditée : si les primaires sont favorables au triomphe des extrêmes, la tentation existera chez nombre d’électeurs de préférer l’original frontiste aux copies républicaines. 

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