Frontex : un mot qui gratte ou démange. Un mot pour désigner l’agence européenne destinée à protéger les limites territoriales de l’Union. Une abréviation de l’expression « frontières extérieures ». Un nom mal choisi pour désigner une organisation mal aimée. Chacun se sent du coup le droit de critiquer Frontex, de l’accabler de mille maux sans trop se préoccuper de sa vocation et de ses missions. Par définition, Frontex a tort.

Durant près de dix ans, Frontex a pourtant vécu paisiblement. L’agence vivotait à Varsovie. Petite troupe, petit budget. Les États membres, à Bruxelles, communiaient dans l’idée exclusive d’une circulation intérieure libre et sereine au sein de l’Union, périmètre béni des dieux. On se souciait assez peu de la solidité de nos milliers de kilomètres de frontières extérieures. Frontières ? Le mot sonnait mal.

Mais insensiblement, la donne a changé. L’intensification des flux migratoires en provenance d’Afrique, d’Europe de l’Est, puis d’Asie et du Proche-Orient ont provoqué de grandes crispations. Les réfugiés sont devenus de plus en plus visibles. C’est alors que Frontex a commencé à être critiquée. Les uns lui reprochant son impuissance à fermer hermétiquement la porte, les autres l’accusant de férocité en raison du refoulement des migrants. Deux procès contradictoires qui confondent en partie la cause et la conséquence. Frontex, agence européenne, ne fait qu’obéir aux États de l’Union. Qui a dit : « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt » ? 

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