D’où leur vient-elle, cette réinvention du grand soir ? Quelle mouche les a donc piqués, ces « nuit-deboutistes » qui font de la fête une manière de réflexion, et des AG une chorégraphie de beaux gestes pour dire les seuls mots qui comptent : oui ou non. À entendre quelques-uns de ses militants, le mouvement puise ses racines dans un terreau profond, puisque la Commune de Paris est une référence qui a cours comme une monnaie forte sur la place de la République. Dans cette bourse aux valeurs, Mai 68 aussi a la cote, avec le frisson de la grève générale qui traverse la foule comme un courant électrique. Mais il y a aussi tous les mouvements d’occupation de places de ces dernières années qui servent d’exemples et ornent les rêves debout de ces éveillés. La place Tahrir en Égypte, l’occupation du parc Gezi en Turquie, les « printemps arabes », les Occupy Wall Street… Si les routiers de la politique, les habitués des « orga » ne sont pas légion, beaucoup de participants ont en tête ces leçons de choses citoyennes qui partout ont donné de l’espoir, faute de donner le pouvoir. Et après ? Dans un mois, dans un an ? Ils veulent tenir la place, tenir leur place. Continuer de parler et qu’on les entende, de se parler pour mieux se comprendre. Cela pourrait s’appeler le « printemps français ». Après le sang et les larmes de 2015, voici la République rhabillée d’un sourire comme la Liberté guidant le peuple, à moins que ce ne soit l’inverse. 

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