Pour que prospère une idéologie – l’isla-misme de Daech en est une – il lui faut un terreau favorable. Le monde sunnite du Proche-Orient est, de fait, le terrain idéal pour l’organisation État islamique. Vaincre cette hydre exige de la frapper au cœur, de l’étouffer, en Syrie et en Irak, mais aussi d’anticiper son action sur d’autres territoires de conquête. Et tout d’abord en Afrique où l’EI s’est déjà enraciné en Libye. 

Bien des conditions pour que surgisse un monde islamique radical au sud de la Méditerranée sont réunies. Même si ce continent connaît une période de croissance supérieure à 4 %, il part de si bas que le chemin sera long avant que ses États deviennent tous des pays émergents. La natalité y croît si vite que la richesse créée ne peut vaincre rapidement la pauvreté. Peuplée de plus de 1,1 milliard d’habitants, l’Afrique devrait franchir le cap des 2 milliards dans les trente ans qui viennent. Le taux de fécondité des femmes y est de 4,7 quand la moyenne mondiale n’est que de 2,5. Le Niger, avec un taux de 7,6, détient même un record planétaire. Cette démographie explosive ne peut que créer de lourds déséquilibres et ouvrir des brèches pour un islamisme à l’affût de terrains sociaux propices. 

La question est d’autant plus sérieuse que l’Afrique est, depuis des siècles, une terre musulmane. Présent en Égypte puis au Maghreb dès le viie siècle, l’islam s’est diffusé à l’ouest, au sud et à l’est du continent, d’abord pacifiquement, puis par les armes. Longtemps freinée par la christianisation des populations, toujours active d’ailleurs, l’islamisation est repartie de plus belle avec la fin de la colonisation. Parmi les 54 États qui constituent l’Afrique, 21 comptent désormais plus de 50 % de -musulmans. 

Bien sûr, rien n’est écrit mais l’Afrique se révèle très vulnérable à l’hydre islamiste. En Libye, dans le nord du Nigeria, dans le Sahel, au sud de l’Algérie, en Mauritanie, au Mali et au Niger, au Soudan, au Kenya, prolifèrent déjà des organisations djihadistes. Qu’elles s’appellent Al-Chabab, AQMI, Boko Haram ou MUJAO, toutes sont radicales, déterminées, dangereuses et rêvent d’un Africanistan. 

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