Quand j’entends le mot culture, je sors mon dictionnaire. S’agit-il des connaissances acquises par un individu qui lui permettent de développer son goût et son jugement ? Ou des convictions, coutumes et comportements qui caractérisent une société ? « Les deux, mon général », aurait pu répondre Malraux à de Gaulle. On peut parler en effet d’une personne cultivée ou de la culture à laquelle elle appartient.

Prenons par exemple un cultivateur, nourri de labourage et pâturage (qui sont les deux mamelles de la France). Il appartient à la culture paysanne, empreinte de sagesse et liée à la terre (qui ne ment pas). Mais rien ne l’empêche d’aimer Brassens ou Zola. Il peut se cultiver dans ses moments de loisir, quand il ne cultive pas.

Méfions-nous du culturisme, cette gymnastique destinée à la gonflette, pour en mettre plein la vue. Les pédants qui la pratiquent étalent leurs maigres connaissances, faisant rimer culture et confiture. L’honnête homme du xviie siècle se distinguait, au contraire, par sa modestie. S’intéressant à tout, il ne s’enfermait pas dans un domaine unique. « Il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose », disait Pascal. C’était une dénonciation de la monoculture, dont tout paysan connaît les effets néfastes.

Les animaux politiques qui se bousculent au Salon de l’agriculture, porte de Versailles, à Paris, ne se contentent pas de flatter le cul des vaches. Ils retourneront deux semaines plus tard à la même adresse, cette fois au Salon du livre, pour cultiver autrement leur image. Pas de cuisine électorale sans polyculture ! 

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