Il se présente parfois comme « le dernier des Mohicans ». Henry Hermand ne cesse pourtant de regarder devant lui. La Résistance ? C’est loin. Les années de la Libération, la respiration militante ? Il n’en parle plus guère. La lutte contre les guerres coloniales ? C’est du passé. Non, ce qu’il aime évoquer, c’est sa passion pour la presse, une passion qui lui semble naturelle, évidente. Henry Hermand est un homme qui a toujours lu l’article qu’il faut lire avant vous et s’étonne que vous ne l’ayez pas encore lu.

On le retrouve très jeune éditorialiste à La Quinzaine « du groupe La Vie catholique illustrée ». Il écrit régulièrement dans L’Observateur qui deviendra plus tard Le Nouvel Observateur. Au fil des décennies, il collabore également à Tribune socialiste, l’organe du PSU, avec Philippe Viannay et Colette Audry. Puis, avec Gilles Martinet, Pierre Rosanvallon et Jacques Julliard, il s’investit dans les revues Faire et Intervention. Plus tard, il se lance dans l’aventure du Matin de Paris. Directeur général barré « politiquement », il ne réalisera pas le rêve formulé avec le rédacteur en chef François-Henri de Virieu, futur présentateur de L’Heure de vérité sur Antenne 2.

La discrétion est l’un des traits de sa personnalité. Qui sait qu’il a eu un parcours très réussi dans le domaine de la distribution moderne ? D’abord très impliqué dans le secteur agricole, il a joué ensuite un rôle fondateur dans la création des centres commerciaux des zones périurbaines. Une success-story qui ne l’a jamais détourné de ses engagements. Homme d’affaires le jour, homme de presse la nuit. Ou l’inverse, mais ne mélangeant pas les genres. 

De son parcours politique, marqué par un engagement permanent en faveur d’une gauche moderne, il retire une fierté en forme de constat : « Je n’ai jamais donné de gage au communisme et moins encore à sa forme stalinienne. » Il a même fortement contribué avec Michel Rocard et Gilles Martinet à la naissance de la deuxième gauche. Il persiste encore avec Terra Nova, un laboratoire d’idées proche de la gauche de gouvernement, qu’il s’efforce de rendre plus indépendant.

Il est du parti du mouvement. Seuls les défis l’intéressent. Ce n’est vraiment pas un hasard s’il se retrouve à la tête du comité stratégique du 1. À la fin de son premier rendez-vous avec Éric Fottorino, il lui avait demandé de réfléchir à un projet de journal… 

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