Les délires de Franck
Temps de lecture : 5 minutes
Affalé sur une chaise, dans l’angle mort de la salle commune, Franck semble reprendre ses esprits comme après un violent effort. Son allure christique convoque aussitôt des images de descente de croix – tête penchée, cheveux aux épaules, bras ballants écartés, pieds nus aux ongles démesurément longs, regard franc qui balaye l’espace, enveloppe les choses et les hommes dans une même douceur, gestes ralentis sous l’effet des médicaments et de l’enfermement, et peut-être aussi d’une infinie précaution. Franck vient de passer un mois en chambre d’isolement, il en est sorti une demi-heure plus tôt. On ne lui a pas rendu ses chaussures de peur qu’il s’enfuie, et il porte encore son pyjama anti-suicide de papier bleu, ce fin vêtement qui n’en est pas un, se déchire d’un geste, couvre à peine, floute les silhouettes – Franck est comme nu.
Il a hâte de récupérer le sweat à tête de loup et le jean blanc troué aux genoux qu’il portait au moment de sa fugue, mais si on le laisse dans cet uniforme clinique c’est pour éviter qu’il ne décampe à nouveau, un Christ en pyjama ne passerait pas i
« Les psychiatres ont l’habitude d’être des sous-mariniers de la société »
Raphaël Gaillard
« Une catégorie de patients a émergé, que nous ne connaissions pas, c’est-à-dire qu’ils n’étaient pas à ce jour inscrits dans un parcours de soins : des personnes qui étaient en relative souffrance mais compensaient, et qui dans ce contexte d’angoisse générale, ont décompensé et ont nécessité des…
[Folie]
Robert Solé
ON LES APPELAIT les fous. Ils faisaient rire, mais surtout très peur. Leur état ne pouvait avoir qu’une cause démoniaque et nécessitait donc une forme d’exorcisme. Quand les médecins se sont emparés du problème, c’était encore avec l’idée d’extirper du corps le mal qui l’habitait : saignées, vomi…
Immersion au quartier général de la folie
Valentin Gendrot
Auteur de Flic, un journaliste a infiltré la police aux éditions Goutte d’or, Valentin Gendrot revient dans le récit que nous publions sur sa première affectation aux urgences psychiatriques de la préfecture de police de Paris où il a passé quinze mois, et nous livre ainsi une plongée da…