Affalé sur une chaise, dans l’angle mort de la salle commune, Franck semble reprendre ses esprits comme après un violent effort. Son allure christique convoque aussitôt des images de descente de croix – tête penchée, cheveux aux épaules, bras ballants écartés, pieds nus aux ongles démesurément longs, regard franc qui balaye l’espace, enveloppe les choses et les hommes dans une même douceur, gestes ralentis sous l’effet des médicaments et de l’enfermement, et peut-être aussi d’une infinie précaution. Franck vient de passer un mois en chambre d’isolement, il en est sorti une demi-heure plus tôt. On ne lui a pas rendu ses chaussures de peur qu’il s’enfuie, et il porte encore son pyjama anti-suicide de papier bleu, ce fin vêtement qui n’en est pas un, se déchire d’un geste, couvre à peine, floute les silhouettes – Franck est comme nu.

Il a hâte de récupérer le sweat à tête de loup et le jean blanc troué aux genoux qu’il portait au moment de sa fugue, mais si on le laisse dans cet uniforme clinique c’est pour éviter qu’il ne décampe à nouveau, un Christ en pyjama ne passerait pas i

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