Les voyant partir de Bretagne
Subito presto
Cent quatre-vingts champions triés sur le vélo
Courant à travers la campagne
Courant après la gloire
J’ai l’impression bizarre
Qu’ils vont faire le tour de mon répertoire
De la mer aux Pyrénées
De mes Vertes Années
Pour enfin voir Paris
Et ses taxis
Bref, comme disait mon distingué
Confrère Maurice Chevalier
Ce Tour à ma façon
C’est ma route et mes chansons
Partout où passe le Tour de France
C’est la fête, c’est dimanche
C’est dimanche de la France
On distribue des chapeaux en papier
Des mirlitons, des savonnettes
On voit passer Georges Briquet
On voit même des coureurs à bicyclette
Maman, v’là le maillot jaune canari
V’là Coppi
Bartali et Géminiani
Et puis voilà ils sont passés
Y’en a jusqu’à l’année prochaine
Il reste des prospectus froissés
Sur la route comme une traîne
Sur la route des Tours passés.


Inédit, juillet 1952
© succession Charles Trenet

 

Le tour du music-hall.

Sur la route d’un Tour éternel, l’accordéon étire son poumon, ahane comme les coureurs, relance avec eux dans les lacets de l’Alpe ou du Tourmalet. Malgré le cagnard et les nids-de-poule, il tient le rythme dans notre imaginaire collectif.

Que représentait le Tour pour les vedettes du music-hall ? Était-ce un moyen de faire ses classes ? D’aller à la rencontre d’un public qui ne pouvait s’offrir un Olympia trop parisien ? L’histoire commence en 1949 avec Line Renaud. La voix de la demoiselle d’Armentières rencontre un vif succès sur les ondes, mais l’image n’est pas encore reine et le public peine à lui associer un visage. Sur une idée de Loulou Gasté, la voilà lanterne rouge de la caravane pour trois semaines de tournée publicitaire. Plus tard, ce seront Tino Rossi et Charles Trenet qui verront la vie en jaune, mais personne n’est parvenu à détrôner Yvette Horner de ses onze tours de France, pas même les moucherons qui harcelaient en vain son visage. L’accordéon pesait alors le poids d’une bicyclette. Ces dernières se sont allégées.

La caravane passe, les chanteurs et les modes aussi. Qui aurions-nous aujourd’hui ? Didier Wampas montre des dispositions. Le chanteur du groupe éponyme aime le cyclisme et ses étoiles lui inspirent des chansons où Jalabert remporterait le Tour, Pantani réduirait Rimini en cendres, et lui-même aurait roulé comme Tom Boonen. Puisque ce fou chantant a « avalé une mouche en roulant sur son vélo », à qui faut-il écrire pour lui obtenir un char en juillet ? 

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