La France qui (se) débat
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Lancé par Emmanuel Macron à la mi-janvier, le grand débat national poursuit sa conquête du territoire, un rendez-vous après l’autre, et ce jusqu’au 15 mars. À Paris, en banlieue et à la campagne, quelles formes prennent ces consultations citoyennes improvisées au sein des écoles, des salles communales, à l’intérieur des cafés, des centres commerciaux et des EHPAD ?
PUSSAY (ESSONNE), salle des fêtes, mercredi 30 janvier 2019. Cédric est venu sans y croire, les poings enfoncés dans les poches de son manteau. Au fond de l’une d’elles, il a glissé son gilet jaune. « Il faut venir, pour s’assurer qu’on pense tous la même chose à l’échelle locale », lance ce jeune technicien agricole qui, chaque samedi, occupe le rond-point d’Angerville, à quelques kilomètres de là. « Et pour que cette brutalité s’arrête, poursuit-il. C’est pas ça, l’objectif de base. »
Sur les 2 300 habitants du village de Pussay, situé aux confins de l’Île-de-France, seule une trentaine ont fait fi du froid glacial, de la fatigue et de l’amertume qui les ronge pour prendre part au grand débat national. Aux quatre coins de la salle des fêtes mise à disposition par la municipalité, une majorité de retraités, mais aussi quelques agriculteurs, ouvriers, institutrices, chauffeurs routiers et mères au foyer se sont réunis en petits groupes autour de tables disposées pour l’occasion. Certains sont « gilets jaunes », d’autres de simples habitants en quête de changement. Aucune fracture n’est visible pour autant. Tous sont venus en tant que citoyens pour défendre l’avenir de leur planète, et plus particulièrement le devenir de leurs propres terres. Ce soir, la rencontre est consacrée à l’un des quatre thèmes proposés par le gouvernement : la transition écologique.
À peine installé, Pierre, « retraité et militant », remet en question l’initiative : « Quel est le poids de la délibération de quelques dizaines de personnes ? » lance-t-il à ses camarades. Il ironise : « On a un ministre dans la salle, il va pouvoir nous renseigner. » François de Rugy, ministre de l’Écologie, s’est invité comme observateur à ce rendez-vous citoyen. Il est accompagné du politologue et ancien directeur du CEVIPOF Pascal Perrineau et de l’ancien premier président de la Cour de cassation Guy Canivet, tous deux « garants » du bon déroulement du grand débat national. « S’il est là pour prêcher la bonne parole du gouvernement, c’est pas la peine », peste Geneviève, assise à droite de Pierre.
Au sein du groupe installé près de l’estrade, un barbu aux manches de
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