80 % des Français n’auraient pas confiance dans le nouveau gouvernement

Les ministres du gouvernement Valls 2 ont à peine eu le temps de pousser la porte de leur bureau que les Français tirent déjà un bilan sans appel de leur action à venir. Dès le lendemain de leur nomination, la plupart des titres de presse relayaient cette parole désabusée : « huit Français sur dix estiment que la politique économique du gouvernement n’est ni juste, ni claire, ni efficace », pouvait-on notamment lire.

Revenons tout de même sur les conditions dans lesquelles cette parole publique est relayée. Si ces articles de presse s’attachent bien tous à commenter ce que pensent « les Français », ils précisent en préambule que ces conclusions proviennent de l’un des trois sondages parus le jour même. Comme c’est la norme dans la profession, ces sondages d’opinion s’appuient sur des échantillons de 1 000 répondants : 0,002 % de la population en âge de voter.

Comment une si infime portion de la population permet-elle de tirer des conclusions sur ce que pense l’ensemble des Français ? Les notices méthodologiques fournies par les instituts, toujours très succinctes, répondent ainsi à la question : « la -représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas ». En d’autres termes, les sondeurs se sont assurés que, dans leur échantillon, les proportions de femmes, de jeunes, etc. correspondent à celles de la population totale. La représentativité est-elle assurée dans ces conditions ? Non. Ce n’est pas parce qu’un échantillon présente ces équilibres statistiques que ses membres ne sont pas issus d’une sélection, a fortiori pour les questionnaires par Internet. Des doutes méthodologiques importants existent également concernant les effets de suggestion exercés par la formulation même des questions dans ces enquêtes d’opinion, sans qu’aucun élément de réponse probant n’ait été apporté.

Tous les jours, des conclusions tirées dans des conditions discutables s’imposent ainsi comme des vérités établies, confortées par ce pouvoir qu’ont les chiffres de revêtir l’apparence de l’objectivité scientifique. Ils ont une autre propriété que les financiers connaissent bien : prendre leur indépendance par rapport à la réalité qu’ils sont censés décrire et créer les conditions de leur autoréalisation. Exemple : la focalisation des débats, lors de la primaire socialiste, sur les chances attribuées aux divers candidats – d’après les sondages toujours ! – d’emporter l’élection face à Nicolas Sarkozy, souvent aux dépens du reste.

Alors que les chiffres devraient être subordonnés au sens, notre tendance à fonctionner à l’inverse participe sans aucun doute au divorce avéré avec la pratique politique.

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