Elon Musk craint que « la civilisation ne s’écroule » si nous ne faisons pas davantage d’enfants. Donnant l’exemple, il en a eu six avec la romancière Justine Wilson et, tout récemment, deux autres avec la chanteuse Grimes : un garçon en mai 2020 et une fille en décembre 2021. L’homme le plus riche du monde ne pouvant faire les choses comme tout le monde, il a prénommé sa dernière héritière Exa Dark Sideræl. Y voir du snobisme serait ridicule : il s’agit simplement d’une allusion au travail de papa, puisque exa est une machine de calcul ultrapuissante, sidereal signifie « sidéral » en anglais et dark (« sombre ») évoque les nébuleuses obscures qui apparaissent sur le fond lumineux de la Voie lactée. Dans l’intimité, la fillette est appelée Y, sans doute pour ne pas perdre de temps dans un univers qui doit être régi par la vitesse.

Dix-neuf mois plus tôt, son petit frère (X pour les intimes) avait été joliment prénommé X Æ A-12. L’état civil en Californie n’acceptant pas les chiffres, il a fallu rectifier en X Æ A-XII. Ce qui est un peu dommage, car le sens ne saute plus aux yeux : X renvoyait à la variable inconnue, Æ à intelligence artificielle et A-12 à Archangel-12, précurseur de l’avion supersonique SR-71.

Vivre « semi-séparés » n’a pas empêché Elon et Grimes de donner naissance à Y, grâce à une mère porteuse. Si le couple à demi-réconcilié devait continuer à repeupler la planète, quitte à se serrer la ceinture pour embaucher une nurse supplémentaire, il éviterait sans doute d’appeler un nouvel enfant Z, qui est l’emblème des troupes russes d’occupation en Ukraine. L’alphabet compte heureusement vingt-trois autres lettres, dont M comme megalomania ou W comme whatsoever («  n’importe quoi »). 

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