L’Algérie est un pays très jeune : aujourd’hui, les moins de 25 ans représentent 45,0 % de sa population (contre 30,3 % en France ou 26,8 % en Europe). Mais pour ­bien comprendre les dynamiques démographiques à l’œuvre, il faut rapprocher cette donnée de l’évolution de la fécondité dans ce pays : alors que les femmes avaient au début des années 1970 en moyenne 7,6 enfants, elles n’en ont plus aujourd’hui que 2,6 – un niveau devenu seulement légèrement supérieur à celui de la France (2,0 enfants par femme).

La combinaison de ces deux facteurs met ­l’Algérie devant un constat paradoxal : la jeunesse de sa population n’est qu’un phénomène transitoire, destiné à s’effacer à moyen terme derrière le vieillissement rapide des générations. Si la moitié de la population algérienne a aujourd’hui moins de 27,5 ans, les projections démographiques établies par les services statistiques des Nations unies prévoient un envol de cet âge médian à 36,3 ans en 2050 – une progression de près de 9 années ! À titre de comparaison, l’âge médian en France ne devrait progresser que de 2,3 années, passant de 41,0 ans en 2015 à 43,4 ans en 2050. In fine, il est prévu un quasi-­quadruplement du nombre des plus de 60 ans en Algérie : aujourd’hui 3,2 millions (et représentant 7,8 % de la population totale), ils seront 11,2 millions en 2050 (soit 20,5 % de la population).

Cette violente transition met le pays devant un défi supplémentaire : si l’Algérie fait partie des pays dotés d’un système de protection sociale parmi les plus anciens et étendus en Afrique, seul un tiers des personnes âgées bénéficient aujourd’hui d’une pension de retraite ou de vieillesse. Déjà sous-­dimensionné, il est douteux que le système actuel soit préparé à l’arrivée massive de seniors dans les prochaines décennies. Le risque encouru est alors celui d’une paupérisation accélérée, que les solidarités locales et familiales – encore très présentes dans le pays – ne parviendront pas à compenser. Le problème est aujourd’hui d’autant plus difficile à anticiper que les perspectives politiques sont faussées par le mirage de l’actuelle jeunesse ­algérienne. 

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