Six siècles d’émotion
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J’entrais un jour chez un homme qui a beaucoup vécu, beaucoup fait et beaucoup souffert. Il tenait à la main un livre qu’il venait de fermer, et semblait plongé dans un rêve ; je vis, non sans surprise, que ses yeux étaient pleins de larmes. Enfin, revenant à lui-même : « Elle est donc morte ! dit-il. – Qui ? – La pauvre Jeanne d’Arc. »
Telle est la force de cette histoire, telle sa tyrannie sur le cœur, sa puissance pour arracher les larmes. Bien dite ou mal contée, que le lecteur soit jeune ou vieux, qu’il soit, tant qu’il voudra, affermi par l’expérience, endurci par la vie, elle le fera pleurer. Hommes, n’en rougissez pas, et ne vous cachez pas d’être hommes. Ici la cause est belle. Nul deuil récent, nul événement personnel n’a droit d’émouvoir davantage un bon et digne cœur.
La vérité, la foi et la patrie ont eu leurs martyrs, et en foule. Les héros eurent leurs dévouements, les saints leur Passion. Le monde a admiré, et l’Église a prié. Ici c’est autre chose. Nulle canonisation*, ni culte, ni autel. On n’a pas prié, mais on pleure.
L’histoire est telle :
Une enfant de douze ans, une toute
« La stratégie de Jeanne était simple : on fonce ! »
Colette Beaune
Au XXIe siècle, l’histoire de Jeanne d’Arc nous laisse encore stupéfaits. Ses contemporains du premier tiers du XVe siècle étaient-ils aussi étonnés que nous ?
Ce qui &eac…