En Iran, le discours des responsables politiques anticipe depuis quelques années le vieillissement progressif de la population. En effet, la pyramide des âges évolue rapidement : avec un taux de fécondité de 1,83 enfant par femme en 2015 (6,42 en 1979), la part des moins de 15 ans a chuté de 45,5 % à 24 % entre 1987 et 2017, alors que celle des 15-64 ans a augmenté, passant d’approximativement 50 % à 70 %. Si la première tendance laisse présager un vieillissement de la population dans les trente années à venir, les mécontentements récents en Iran témoignent de l’exaspération d’une partie de la population, notamment la jeunesse.

Le taux de chômage élevé parmi les jeunes (30,3 % des 15-24 ans en 2017, selon les estimations de la Banque mondiale) et l’accroissement de l’écart entre les riches et les pauvres, entre Téhéran et les provinces, illustrent les difficultés, voire l’absence de politique de redistribution du gouvernement de Rohani. C’est dans cette situation que les factions conservatrices déplorent l’augmentation du taux de divorce (20 % des mariages en 2016) ou celle du nombre croissant de femmes chefs de famille. Ils voient dans ces chiffres une menace d’occidentalisation des valeurs familiales et du rôle des femmes dans la société. C’est la signification des mesures adoptées par le gouvernement en 2014, qui visent entre autres à favoriser une politique nataliste.

En regard, la généralisation de la scolarisation, l’augmentation de l’âge du mariage chez les femmes (23 ans et demi aujourd’hui, contre 19 ans et demi avant la révolution de 1979) et l’immigration de ces dernières vers les grandes villes ou à l’étranger soulignent un processus d’autonomisation et de contrôle des naissances. Les femmes iraniennes rejoignent les hommes dans les combats de tous les jours et les frustrations socio-économiques d’une population éduquée dont les attentes peinent à être satisfaites. 

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