Ces dernières décennies se caractérisent par un développement exponentiel des capacités de stockage et de traitement de l’information. D’après les experts, il se créerait tous les deux ans autant de données que depuis le début de l’humanité. Si bien que le volume de données stockées en 2020 devrait atteindre 40 zettaoctets (1021).

Pour penser ce phénomène, il n’est pourtant pas possible de s’arrêter au constat de son volume, car la qualité et la pertinence d’une information ne se mesurent pas au nombre d’octets nécessaires pour la formuler. Après tout, la célèbre formule E=mc2 ne prend que cinq caractères à écrire !

Le caractère big de ces data n’est peut-être pas ce qu’elles ont de plus remarquable. Les États, notamment, pratiquent depuis longtemps le Big Data en constituant de vastes bases de données leur permettant d’administrer les populations. Ainsi, dans la Rome antique, des recensements réguliers et volumineux servaient à établir la liste hiérarchisée des citoyens et de leurs biens.

Mais aujourd’hui, ces Big Data ne sont plus produites en majorité par les États. L’usage généralisé des technologies de -l’information a fait émerger des acteurs nouveaux qui ont vu la possibilité et l’intérêt de collecter les flux d’informations dont ils sont les témoins. Ces productions posent de nombreuses questions : celle de leur pertinence et de leur valeur bien sûr, mais également celle du droit des citoyens à la protection de leur vie privée. Les informations individuelles ne sont en effet pas une matière première comme une autre : elles engagent directement des personnes qui devraient conserver une possibilité de contrôle sur leurs usages ultérieurs. 

Les abus commis par les États totalitaires du siècle dernier se sont traduits par un renforcement du contrôle démocratique sur les données produites par les administrations. Les Big Data actuelles échappent largement
à ces garde-fous conçus
à une autre époque ; et les États eux-mêmes, fascinés par ces nouveaux
objets, semblent désormais vouloir s’affranchir de ces contraintes,
à l’image des immenses bases de données collectées par les services américains de la NSA à l’insu des citoyens du monde. 

Il aura fallu un homme, Edward Snowden, pour lever le voile sur un océan de data

Vous avez aimé ? Partagez-le !