Elle en entendait parler depuis des semaines à la radio et à la télé. Ce matin, en achetant sa demi-baguette à la boulangerie, Mme Michu s’est décidée à poser la question, quitte à passer pour une idiote : « C’est quoi, exactement, les faiqueniouzes ? »

Trois ou quatre personnes se sont lancées dans des explications. Mme Michu en a conclu que ce terme étrange désignait des mensonges, des trucages, des contre-vérités, bref des bobards habilement présentés pour nous tromper. Mais un jeune homme très aimable a failli l’embrouiller de nouveau en affirmant que fake news était tout simplement la nouvelle appellation des hoax. « Comme les Macronleaks, rappelez-vous, à la fin de la campagne présidentielle… Ces fake news, a-t-il précisé, se propagent sur les réseaux sociaux par des data, des pushs et des reposts. » Sentant la vieille dame un peu troublée, il s’est empressé d’ajouter qu’après le Penelopegate, pour démonter ces manipulations, Facebook avait mis en place des outils de fact-checking en partenariat avec plusieurs médias.

Mme Michu a payé sa demi-baguette en murmurant un merci à la cantonade. Diverses pensées lui ont traversé l’esprit tandis qu’elle regagnait son domicile. 

« J’aurais dû apprendre l’anglais dès mon départ à la retraite. C’est trop tard maintenant… J’en ai marre, je ne vais plus écouter les infos. Je me contenterai de suivre des talk-shows à la télé, de regarder les biopics qui passent en prime time, de retrouver des best of en replay et de parcourir les rubriques que me proposent gratuitement les sites des grands journaux français : “Le Scan politique” du Figaro, les “Brexit stories” de Libération et le “Big Browser” du Monde. » 

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