« Je suis contre l’idée que la langue doit rester fermée pour subsister »
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Le Petit Robert fête ses 50 ans. Son succès était-il écrit ?
On peut parler de divine surprise. La veille de sa première édition, je me disais que ce serait formidable de réaliser une vente de 20 000 exemplaires. Or, sans publicité, nous avons vendu plusieurs dizaines de milliers de volumes pour atteindre les années suivantes jusqu’à 250 000 exemplaires par an. Son succès doit beaucoup aux professeurs du secondaire, au bouche-à-oreille. Trois semaines après le lancement, la librairie Lamartine, à côté du lycée Janson-de-Sailly, à Paris, nous consacrait une vitrine entière.
Vous avez fait le buzz.
Oui !
Spontanément, nous avons utilisé un mot franglais : le buzz. Dans quel état se trouve la langue française ?
Contrasté ! Une certaine créativité s’est débloquée. Un exemple : les mots des jeunes des quartiers, en passant des banlieues aux cours d’écoles, sont arrivés chez les parents et dans tous les milieux. Quand on parle de la langue des jeunes de banlieue, on se trompe, car ce n’est ni celle de la banlieue ni celle des jeunes, mais de tous. Et une langue vit longtemps ! Les mots restent. Meuf et keuf sont les premiers mots de la banlieue à être entrés dans Le Petit Robert.
En revanche, le mot-valise – une invention britannique, puisque c’est Lewis Caroll qui a commencé à en faire, par jeu – est quelque chose d’assez grave. C’est une déstructuration de la morphologie de la langue. Une perte de sens à l’intérieur des mots. Tous les mots construits à partir de marathon, comme téléthon, sont assez monstrueux. Ils se retrouvent en concurrence avec des mots qui ont une valeur en grec ou en latin.
Comment intégrez-vous les mots nouveaux ?
Chaque année, c’est par milliers que surgissent de nouveaux mots. Nous procédons à une vérification à partir des mots repérés par notre service de documentation dans la littérature et dans les médias. Nous en retenons à peu près 10 %.
C’est une vitalité incroyable.
Oui, mais ce sont, au moins pour 60 % d’entre eux, des emprunts. Souvent en provenance de pays voisins mais aussi de pays très lointains comme le Japon, dans le domaine culinaire ou celui des arts martiaux. C’est très bien tant que la col
« Je suis contre l’idée que la langue doit rester fermée pour subsister »
Alain Rey
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