Tristes « Jours heureux » ! Ce slogan n’a pas porté bonheur à Fabien Roussel (2,28 % des voix au premier tour de la présidentielle). Mais le candidat communiste aura au moins aidé de futurs bacheliers à potasser leur programme, en prenant exemple sur les responsables politiques : le bonheur figure en effet (avec l’art, la justice, la technique, la conscience…) parmi les dix-sept notions retenues en 2022 pour l’enseignement de la philo en terminale.

À l’examen, rien n’est joué. Tout dépend de l’intitulé du sujet. Il arrive – et c’est le plus facile – que la réponse soit suggérée par la question. « L’argent fait-il le bonheur ? » Tout le monde sait qu’il y contribue. Aucun candidat à la présidence de la République ne s’amuserait à le nier pour faire l’intéressant.

Autre sujet simple : « Peut-on être heureux sans les autres ? » Oui, bien sûr. C’est même le rêve de tout parti politique : seule la majorité absolue lui permettrait d’imposer son programme.

Question un peu plus compliquée : « Le bonheur est-il possible au milieu du malheur ? » Il faut croire que oui. Regardez avec quelle joie un ministre de l’Éducation nationale évincé du gouvernement a souhaité la bienvenue et le succès à son successeur qui semble être son exact contraire !

Si les élèves de terminale prenaient la peine de s’intéresser davantage à la vie politique, ils se présenteraient à l’examen les doigts dans le nez. Même les sujets de philo les plus tordus, « sortis » au bac ces dernières années, leur paraîtraient fastoches. « Rechercher le bonheur, n’est-ce pas se condamner à ne pas le trouver ? » demandait-on à des jeunes de 17 ans qui se cherchent encore. Ou cette sommation en forme de question : « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » Qu’est-ce qu’on attend pour faire la fête ? La gauche est prête, le ciel est bleu… 

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