Dans nos sociétés d’abondance, la pratique du jeûne effraie. Se priver de nourriture, c’est entrer au pays du manque. Dans les contes de fées, il y a toujours, au grenier ou ailleurs, une porte interdite que l’héroïne ou le héros doit ouvrir. Elle représente la transgression. Derrière cette porte, le personnage doit affronter des épreuves qui vont le faire grandir. Dans le monde occidental où règne encore l’hyperconsommation et où nos habitudes alimentaires sont le fruit d’un travail de lobbying acharné de la part des industries agroalimentaires depuis un siècle et demi, jeûner est un acte transgressif.

Le jeûne a pourtant été pratiqué, et continue de l’être, par nombre d’êtres humains en quête de légèreté, pas seulement physique, mais aussi mentale. Si le jeûne implique une réduction drastique – moins de 250 calories par jour, l’équivalent d’une tisane et d’un bouillon –, voire une absence totale de nourriture extérieure, cela ne signifie pas que le corps cesse pour autant de s’alimenter. Les études scientifiques montrent que, pendant le jeûne, le corps inverse son mode de nutrition et commence à se nourrir sur ses propres réserves. Il puise principalement dans les lipides, ces graisses qu’il a stockées dans le passé, qui sont alors transformées en une sorte de sucre, principal carburant de notre corps, mais différent du glucose habituel. Ce sont les corps cétoniques. Le cerveau en raffole. D’où, au cours d’un jeûne, cette sensation de clairvoyance, de stimulation intellectuelle intense, voire d’élévation spirituelle.

En Occident, la privation de nourriture est vue d’un mauvais œil. À l’inverse, la nourriture est synonyme de réconfort, de partage, d’amour. Si elle est évidemment cruciale et vitale pour le corps humain, on sait désormais que s’en priver sur une période restreinte et sous conditions peut également se révéler tout à fait bénéfique.

La pratique du

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