Avant que les Chinois qui se croient tout permis se permettent de donner des noms chinois à leurs villes, et jusqu’à leur capitale, n’importe quel pékin pouvait s’y retrouver sans ouvrir l’atlas. C’est donc à Guangzhou que débarque Yersin.

C’est déjà une ville de près de deux millions d’habitants. L’épidémie de peste vient de tuer cent cinquante mille d’entre eux. Yersin apporte avec lui du vaccin de Paris, et celui des chevaux de Nha Trang élaboré par le vétérinaire Pesas. Il entend appliquer le remède de cheval au Chinois, cherche son Joseph Meister, rencontre le consul de France à Canton ou Guangzhou. Il ne lui cache pas que l’innocuité de son vaccin n’est pas prouvée au-delà du cheval.

Le consul se gratte la tempe. Les Chinois, voyez-vous, n’ont pas la mémoire courte, lui explique-t-il. Même si c’est trente-cinq ans après le sac du palais d’Été par la France et l’Angleterre, trente-cinq ans après que ces deux nations ont gagné la Deuxième Guerre de l’opium, et contraint la Chine à ouvrir ses ports au commerce des fumeries, les Français comme les Anglais sont à peine tolérés, et confinés dans des quartier

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