Inquiet de ma dépendance à Internet, mon médecin m’avait prescrit « une bonne semaine de vacances, au moins sept jours de diète numérique ». Faute de trouver un hôtel sans WiFi et non couvert par la 4G ou la 3G, je me suis décidé pour un séjour « détox digitale » en Corse du Sud.

À l’arrivée, dans cet établissement luxueux, j’ai dû confier mes téléphone, tablette et ordinateur au réceptionniste en chef qui les a enfermés dans un coffre-fort. En échange, il m’a remis un « kit de survie » comprenant notamment une bougie relaxante, de la pâte à modeler et un cahier de coloriage. Le but du stage était en effet de « se déconnecter en retrouvant les sensations de l’enfance ». Dans le même esprit, dès le lendemain, nous avons eu droit à un concours de châteaux de sable et à des batailles de polochon.

Pour cette semaine de vacances, j’ai profité d’une offre à 1 799 euros TTC, incluant les « petits déjeuners bio et gourmands ». Les huiles essentielles anti-addiction et les massages de la paume « pour dissiper l’empreinte de la souris » étaient en option. En revanche, on pouvait passer tout le temps qu’on voulait dans la salle de projection, en silence, face à un écran blanc, pour « développer nos capacités d’attention et accepter la vie telle qu’elle est ».

Reposé, en pleine forme, j’ai récupéré mes outils informatiques et immédiatement témoigné de cette belle expérience sur Facebook. Des réactions enthousiastes, une multitude de « partages » et d’échanges avec des inconnus ont agrandi mon réseau de manière spectaculaire : en trois jours, j’ai quasiment doublé le nombre de mes amis. 

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