Travailleurs non salariés, ces prolétaires 2.0
Temps de lecture : 9 minutes
Les autoentrepreneurs employés par les plateformes et les chauffeurs VTC peuvent-ils espérer des augmentations de leur rémunération face à l’inflation ?
Ils connaissent plutôt une dégradation de leurs revenus ces dernières années. Les plateformes ont tendance à baisser les prix minimaux des courses et à augmenter les commissions qu’elles leur prélèvent. Lorsqu’elles s’installent sur un marché, ces entreprises ont intérêt à attirer des travailleurs en proposant de faibles commissions, de même qu’elles fixent des prix de course faibles pour attirer les clients. Mais, une fois bien ancrées, elles changent complètement de modèle économique. Par exemple, en mettant en place le système des courses partagées à plusieurs clients, qui sont peu rémunératrices pour les chauffeurs. Elles dégradent les conditions de rémunération de travailleurs qui sont devenus captifs du système, à l’instar des chauffeurs qui se sont endettés pour acheter leur voiture ou des personnes qui ont quitté l’emploi que, dans un premier temps, elles avaient conservé pour ne plus travailler que pour la plateforme.
Combien y a-t-il de travailleurs autoentrepreneurs, tous secteurs confondus, en France aujourd’hui ?
C’est un phénomène massif. Le travail non salarié a beaucoup augmenté depuis la mise en place du régime de l’autoentrepreneur sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Depuis un siècle, le nombre de travailleurs indépendants était en baisse constante, mais ce statut a changé la donne. Aujourd’hui, les autoentrepreneurs représentent un tiers des 3,7 millions d’indépendants que compte le pays.
Quels sont les profils de ces nouveaux travailleurs non salariés ? Le statut d’autoentrepreneur a essaimé dans de nombreux secteurs…
Oui, mais ce dispositif a été utilisé à plein régime par les plateformes numériques qui ont mis en place un véritable modèle de gestion de main-d’œuvre entièrement fondé sur ce statut. Dans le monde de l’entreprise en général, mais aussi des administrations – à l’exemple d’un service de recherche au sein d’un ministère auquel je me suis intéressé –, il y avait cette même logique de recruter une partie des travailleurs « à leur compte ». L’ubérisation, c’est cette dynamique qui sort les travailleurs de l’entreprise.
Quelles sont les différences concrètes entr
« Le sous-emploi a remplacé le chômage pour tirer les salaires à la baisse »
Philippe Askenazy
L'économiste Philippe Askenazy analyse les mécanismes qui depuis plusieurs décennies jouent en faveur des revenus du capital au détriment de ceux du travail.
[Richesse]
Robert Solé
On connaissait le seuil de pauvreté, établi par l’Insee. Voici le seuil de richesse, défini par l’Observatoire des inégalités.
Ces patrons qui plafonnent leur salaire
Oriane Raffin
Enquête sur les entreprises qui, de LDLC aux coopératives du secteur de l’économie sociale et solidaire, tentent de limiter en leur sein les écarts de rémunération.