Découvert par Albert Camus, Jean-Paul de Dadelsen publie son premier poème à 42 ans. Il meurt d’un cancer du cerveau à 43. Dans ces vers déchirants, le corps est comme une habitation ; la maladie ouvre sur la question de l’âme et des métempsycoses. 

       Faut-il toujours attendre ? 
 
Cancer – est-ce prévoir ?
Attendre ? remettre le jour de se rompre et se défaire.
Cancer, fausse adolescence, construction de mort
quand il faudrait laisser le vent jeter à bas
les dernières tuiles sur la poutre vermoulue.

Le jour où l’orage le frappe
le vent de l’orage le guérit.
Le feu qui lui mordit le foie et les reins
le guérit. Il faut mourir guéri.
 
Je serai nettoyé si
j’éclate au vent comme citrouille vieille.
Peut-être, pour un nouveau travail, ne reprend-on
que des objets bien nettoyés ?

Extrait de Jonas, 1962 (posthume) © Éditions Gallimard

 

Vous avez aimé ? Partagez-le !